Offre de collaboration au Ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur

Longueuil, le 14 avril 2020

Monsieur Jean-François Roberge
Ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur
Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur
Édifice Marie-Guyart, 16e étage
1035, rue De La Chevrotière
Québec (Québec)  G1R 5A5

 

Objet : Offre de collaboration

 

Monsieur le ministre,

Au cours des derniers jours, le premier ministre François Legault a indiqué que le gouvernement examinait plusieurs hypothèses concernant la reprise des activités dans les écoles. L’Association québécoise de la garde scolaire vous offre son expérience et son expertise dans le cadre de cette réflexion afin que les réalités spécifiques des services de garde en milieu scolaire soient tenues en compte dans les décisions gouvernementales, mais surtout pour faciliter l’application des meilleures pratiques afin d’assurer le développement des enfants, leur sécurité ainsi que celle du personnel.

Vous l’avez affirmé à plusieurs reprises, « les services de garde c’est l’âme d’une école ». Avant la crise de la COVID-19, environ 60 % des enfants fréquentaient un service de garde où ils y passaient sensiblement le même temps que dans les salles de classe. Dans le contexte post confinement dans lequel la réouverture des écoles s’effectuera, il est essentiel, voir obligatoire, que les pratiques et les activités des services de garde soient adaptées profondément pour assurer la sécurité des enfants, mais aussi pour gérer les craintes des parents.

Comme l’a laissé entendre le premier ministre, la réouverture des écoles et des services de garde est un élément essentiel à la remise en marche de l’économie québécoise. Il importe donc que les consignes qui seront édictées par le ministère de l’Éducation soient claires. Malheureusement, dans le passé, il a été fréquemment constaté que l’analyse des problématiques des services de garde n’avait pas été suffisamment tenue en compte par le ministère. Nous n’y voyons pas de la mauvaise volonté de la part des décideurs, mais plutôt un manque de connaissance de la réalité terrain. Or, compte tenu des enjeux importants de la relance des écoles, nous souhaitons ardemment que ce ne soit pas à nouveau le cas aujourd’hui. C’est pourquoi l’Association offre son expertise unique et souhaite faire partie des discussions actuelles. Il en va de la sécurité des enfants.

Parmi les enjeux qui toucheront spécifiquement les services de garde lors de la reprise des activités, soulignons :

  • Les stratégies à déployer afin de maintenir une certaine distanciation entre les enfants et les ratios à appliquer dans ces circonstances particulières;
  • Le temps requis pour la désinfection des équipements plusieurs fois par jour et pour l’hygiène des enfants;
  • L’infrastructure physique des écoles qui ne permet pas de répondre aux exigences de la santé publique comme celle qui demande à chaque enfant de se laver les mains régulièrement;
  • L’identification des enfants démontrant des symptômes d’infection et les mesures à prendre dans ces circonstances (isolement de certains enfants, refus d’accès aux services, références aux intervenants santé, etc.);
  • La gestion des ressources humaines considérant que la pénurie de main d’œuvre avant la crise était déjà problématique;
  • L’impact financier sur les budgets existants et à venir compte tenu d’une baisse qui pourrait être significative du nombre d’élèves et par conséquent de la contribution des parents;
  • La réorganisation du travail et la gestion des horaires pour intégrer les nouveaux besoins directement liés à la COVID-19;
  • Les problématiques de pénurie de main d’œuvre qui s’accentueront compte tenu du nombre d’éducatrices et éducateurs qui hésiteront à revenir au travail, particulièrement ceux qui sont plus âgés ou qui ont certains problèmes de santé chroniques;
  • L’importance que les activités qui seront offertes puissent continuer à favoriser le développement des enfants dans le cadre d’un programme éducatif adapté à la situation;
  • Le respect et une interprétation uniforme des consignes par les Centres de services scolaires et les directions d’écoles.

Si le gouvernement opte pour une réouverture progressive, il sera nécessaire de revoir les règles mises en place dans le cadre des services de garde d’urgence, qui seront de plus en plus difficiles à organiser au fur et à mesure de l’augmentation du nombre d’élèves, ou encore l’hypothèse que les services de garde soient ouverts tout l’été pour pallier la non-ouverture des camps de jours.

Un autre enjeu pour lequel nous anticipons des problématiques particulières est l’angoisse légitime des parents. Rappelons ici que dans l’école, le service de garde est le seul à entrer en contact quotidien avec les parents. Or, il en sera encore de même lors de la reprise. Dès l’annonce de la reprise potentielle par le premier ministre, les parents ont manifesté leurs craintes à cet égard. En deux jours, une pétition a réuni plus de 150 000 signatures. Les craintes et les angoisses sont tangibles et il sera important d’y répondre adéquatement. Que nous le voulions ou non, les services de garde seront assurément le principal canal par lequel l’anxiété des parents s’exprimera. Nous devons donc préparer le personnel en garde scolaire à répondre adéquatement à cette situation.

Comme vous le constatez, les enjeux pour les services de garde sont nombreux. Nous réitérons que pour y faire face, il importe que les directives et les consignes qui émaneront du ministère de l’Éducation soient élaborées à partir de la connaissance pointue du fonctionnement et des possibilités d’intervention des services de garde. Il s’agit, sans aucun doute, d’une condition fondamentale du succès de la reprise. Personne au Québec ne connait mieux les services de garde que notre Association. C’est pourquoi nous croyons pouvoir être très utiles à vos équipes qui planifient la relance des activités.

De plus, au-delà de l’élaboration des nouvelles pratiques, il faudra informer et former le personnel en garde scolaire afin qu’il puisse être le plus efficace possible. C’est pourquoi le rôle que pourrait jouer l’Association auprès des 1 900 services de garde est unique et essentiel.

Au cours des prochaines semaines, nous devrons mobiliser tous les intervenants pour relancer les écoles québécoises, et les services de garde sont des acteurs de premier plan pour y arriver.

En espérant que notre offre de collaboration, qui peut se mettre en œuvre immédiatement, soit entendue de votre part.

 

Veuillez agréer, Monsieur le ministre, l’expression de nos sentiments les meilleurs.

La présidente,                                                  La directrice générale,
Réjeanne Brodeur                                           Diane Miron